Marie-Laure BELAIR-DARGENT : mission handicap
1) Bonjour Marie-Laure, quelle est votre mission à la CFE-CGC ?
Bonjour, je suis chargée de mission handicap à la CFE-CGC depuis 5 ans. Mon activité consiste à animer notre réseau de militants sur cette thématique, à élaborer des outils techniques, des supports de sensibilisation et de communication, à en faire la promotion auprès de nos structures, à accompagner nos sections en cours de négociation et à assurer un SVP en lien avec les membres du réseau handicap, mais également à animer des formations à destination de nos adhérents.
2) Vous parlez d’un réseau, de quoi s’agit-il ?
La CFE-CGC agit sur le handicap depuis de très nombreuses années. Avant même la loi sur l’obligation d’emploi, avant même la création de l’Agefiph, la CFE-CGC a initié une réflexion et a engagé ses premières actions sur le sujet avec la création par exemple des GIRPEH (Groupement Interprofessionnel Régional pour la Promotion de l’Emploi des personnes Handicapées). Au début des années 2000, l’action de la CFE-CGC sur cette thématique s’est organisée de manière plus structurée avec la mise en place d’un groupe interfédéral handicap rassemblant des correspondants issus de toutes ses fédérations, représentant ainsi la diversité des secteurs d’activité mais également d’un groupe de référents handicap dans les territoires missionnés pour être les porteurs de la politique CFE-CGC sur le handicap ; et surtout le point d’accès au réseau et aux institutions et structures handicap le plus en proximité de l’adhérent. Plus tard, la CFE-CGC a mis en place un Groupe de pilotage opérationnel sur le handicap, le GrouPIH.
3) Quelles sont les évolutions marquantes de ces derniers mois sur le sujet ?
Ces derniers mois ont été très actifs pour la CFE-CGC sur le sujet du handicap. Au niveau national d’abord, avec la mise en concertation de plusieurs textes généraux impliquant des changements sur ce sujet et en particulier l’intégration du handicap dans la NAO (négociation annuelle obligatoire) dans les thèmes du bloc QVT et égalité professionnelle, mais aussi plus récemment avec la Conférence nationale du handicap et les corrections à la réglementation qui y ont été annoncées et qui commencent à rentrer en application. Au niveau des entreprises et des branches également puisque de nombreuses négociations s’engagent chaque année sur le sujet et que la CFE-CGC accompagne ses sections durant ses périodes.
4) Quel peut être le rôle des branches vis-à-vis de l’emploi des handicapés ?
Comme sur de nombreux aspects en droit du travail, le rôle des branches est capital. Elles sont le lieu de la constitution de solutions propres à répondre aux questions pratiques et concrètes des entreprises d’un secteur et en particulier des plus petites. C’est vrai naturellement sur le handicap ! Plusieurs branches disposent à l’heure actuelle d’accords sur le handicap et certaines se sont même engagées dans un accord de branche agréé. D’autres ont mis en place des dispositifs de montée en qualification afin de répondre aux besoins des entreprises du secteur en terme de recrutement et donc destinés à faciliter la rencontre entre les besoins et les compétences. Cela peut prendre la forme par exemple d’engagements à conclure des stages ou des contrats d’alternance.
5) Avez-vous un exemple concret, une anecdote ?
Cela peut paraitre paradoxal face à un dispositif sur l’emploi des personnes handicapées qui fêtera ses 30 ans prochainement, mais le travail des branches passe souvent dans un premier temps par un long processus pédagogique tant à destination des employeurs et de leurs représentants que des organisations syndicales et des salariés. C’est un élément essentiel naturellement mais pas suffisant, c’est pourquoi la CFE-CGC a opté depuis 10 ans maintenant pour la formation et la montée en compétence de ses négociateurs par différents moyens. Une fois formés et en lien avec le réseau, leurs retours sont éclairants : ils deviennent souvent les spécialistes du handicap autour de la table.
6) Des évolutions législatives sont-elles prévues ?
Oui, nous est promis par le Président de la République, un dispositif incitatif à la négociation… Mais la CFE-CGC émet des réserves à la conclusion d’accord pour « faire du chiffre ». C’est d’ailleurs un des axes défendus lors des formations des militants. Le texte issu de la négociation doit apporter du plus à ceux à qui il s’appliquera et donc à tous les salariés qui devront surmonter la survenance ou l’aggravation du handicap au cours de leur carrière. N’oublions pas que c’est le plus courant en pratique ! La négociation n’est pas non plus destinée à aboutir à une charte qui ne serait qu’une simple traduction des dispositions existantes.
7) Optimiste ou pessimiste pour l’avenir ?
Optimiste ! et résolument déterminée ! Le chemin qui reste à parcourir peut apparaitre insurmontable parce que la route a été prise depuis bien longtemps mais les progrès réalisés sont indéniables. Reste à dépasser les prochains obstacles et à poursuivre le travail de fond de sensibilisation et de déstigmatisation du handicap. Les mentalités changent mais le monde et ses exigences changent aussi avec elles ; cela peut être vécu comme une contrainte ou… comme une opportunité !
Rédaction LPBC - 28/06/2016